FLORENCE POIRIER NKPA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’avatar comme autoportrait de l’Autre...

 

Au cours de mes voyages j’ai fais des rencontres... beaucoup. Depuis je vois l’AUTRE avec ses différences mais aussi parce qu’il me ressemble... et c’est à travers moi-même, avec comme a priori mes idées, que je m’invente tout autant que celui que je découvre. Dans l’instant de la rencontre, trois représentations s’entremêlent pour laisser apparaître celui que j’ai a en face. Il existe pour ce qu’il me donne à voir, pour ce que j’imagine de lui et pour ce qu’il est réellement.

La première des représentations est commune aux deux individus dans la rencontre : c’est l’apparence... la présence que l’individualité se donne. La seconde est celle qui est construite à l’attention de l’un vers l’autre... pour mieux le séduire ou mieux le repousser. Puis il y a la dernière, celle que chacun cache - peut-être…- celle qui par sa vérité n’intéresse pas nécessairement l’autre… celle que personne ne veux vraiment montrer.

Ma pratique artistique consiste à articuler ces trois représentations autours d’autoportraits que je conçois comme mes propres avatars, car je m’invente en figurant le fantasme que j’ai de l’autre pour ses ressemblances ou ses différences... Je donne à voir la possibilité d’explorer ce qui fait que je me suis personnellement construite l’image de la diversité rencontrée. Couches après couches, rencontres après rencontres, je ressemble à quelqu’un que je ne suis plus, que je ne pourrai plus être et que je ne serai plus jamais réellement. L’esthétique de la transformation devient alors un outil pour me construire à travers l’image de l’autre. Comme si les morceaux qui composent mes figures étaient des fragments de mon existence, dans lesquels je pouvais capter, dans la métamorphose, certains composants de mon identité alors agglomérés à ceux des autres. Je propose de venir à ma rencontre en superposant des facettes pour que la figure retrouve sa cohérence charnelle dans l’ajout de motifs folkloriques qui permettent alors au regard de se reconnaître au travers de signes d’appartenance à telles ou telles cultures... celles que j’ai rencontrées avec mes voyages.

Tel un DJ le fait avec des sons, je me permets de mélanger le beau, le laid, les origines, les références identitaires et stylistiques qui, dans un tourbillon de formes, de couleurs et de signes graphiques, défigurent le physique humain jusqu’à ce que la question de mon identité propre trouve de moins en moins de critères de reconnaissance : ni sexe, ni âge, ni couleur, ni expression auxquels se raccrocher, mais simplement des références qui détruisent réellement mon image et pour la reconstruire virtuellement à l’image de l’AUTRE.